La-Tribune Economique (Banque Centrale Chinoise) – La banque centrale chinoise a abaissé ce lundi deux taux d’intérêt de référence pour les prêts, dans l’espoir de stimuler sa croissance chancelante. Une décision prise après la publication d’une série d’indicateurs économiques décevants et une réunion importante où, finalement, aucune mesure concrète n’a été annoncée.
Nouvelle baisse de taux décidée par la banque centrale chinoise. Ce lundi, elle a annoncé abaisser le LPR à un an, qui constitue la référence des taux les plus avantageux que les banques peuvent offrir aux entreprises et aux ménages, de 3,45% à 3,35%. Et le taux à cinq ans, référence pour les prêts hypothécaires, a été abaissé de 3,95% à 3,85%. Ces deux taux, très suivis par les marchés, sont désormais à leur plus bas historique.
Cette mesure sur les taux, anticipée par certains économistes, est censée encourager les banques commerciales à accorder davantage de crédits et à des taux plus avantageux, et doit par ricochet permettre de soutenir l’activité. Car la Chine traverse une période compliquée ces derniers mois. Un an et demi après la levée des restrictions sanitaires qui pénalisaient l’activité, la reprise post-Covid tant espérée a été brève et moins robuste qu’escompté. Le pays est ainsi en proie à une crise inédite de son vaste secteur immobilier, à une consommation toujours faible et à un taux de chômage élevé chez les jeunes, tandis que les tensions géopolitiques avec Washington et l’Union européenne menacent son commerce extérieur.
Ce n’est toutefois pas la première fois que la Chine tente de relancer son économie en jouant sur ses taux. En février dernier, elle avait déjà réduit le LPR à cinq ans de 0,25 point. Le mois d’avant, c’était son taux de réserve obligatoire (RRR), qui représente la part des dépôts que les banques sont tenues de garder dans leurs coffres, qu’elle avait aussi descendu de 0,25 point.
Économie morose
« Mais la politique monétaire n’est pas l’outil politique le plus important », a-t-il ajouté. « Les perspectives économiques (au second semestre) dépendent essentiellement du soutien que la politique budgétaire apportera ».
Pour l’heure, au deuxième trimestre, la croissance économique s’est fortement tassée sur un an (+4,7%), selon des chiffres officiels publiés lundi dernier. Ce rythme a été en deçà des attentes d’analystes et de celui du premier trimestre (+5,3%). Il est aussi le plus faible depuis le début 2023, quand la Chine levait ses restrictions draconiennes contre le Covid-19. Par ailleurs, les ventes au détail n’ont progressé en juin que de 2% sur un an. L’essoufflement de cet indicateur clé traduit une consommation toujours morose.
Pékin s’est fixé cette année un objectif « d’environ 5% » de croissance, loin des progressions à plus de 10%, habituelles durant la période 1980-2010.
Pas de nouvelles politiques annoncées malgré une réunion importante
La mesure sur les taux intervient par ailleurs après un plénum du Parti communiste chinois (PCC), réunion essentielle où l’économie a justement été au cœur des discussions. Ce troisième rendez-vous de ce type s’est tenu la semaine dernière à Pékin autour du président Xi Jinping. Les dirigeants chinois y ont « adopté une résolution sur l’approfondissement des réformes », a indiqué l’agence de presse officielle Chine nouvelle. Reste que cette formulation vague n’implique en général pas de changement relatif au système politique mais uniquement des adaptations dans la politique sociale et économique.
Le pouvoir chinois « reconnaît les problèmes mais je ne suis pas sûr qu’il sache quelles mesures efficaces peuvent les résoudre », a estimé le politologue Hoo Tiang Boon, de l’université technologique Nanyang à Singapour. Et Gary Ng, économiste pour la banque Natixis, d’appuyer : « Il n’y a rien de nouveau dans les annonces qui ne font que confirmer les politiques existantes. »
Les dirigeants chinois se sont néanmoins engagés à alléger la pression de la dette sur les gouvernements locaux en réformant le système fiscal. Les inquiétudes concernant les finances des gouvernements locaux sont en hausse depuis des années et ont été aggravées par cette crise chronique de la dette immobilière. Selon le gouvernement central, les collectivités locales chinoises sont confrontées à une dette colossale de 5.600 milliards de dollars, ce qui suscite des inquiétudes quant à la stabilité financière globale du pays.
Le texte intégral de la décision, publié dimanche par Chine Nouvelle, comprend ainsi un appel à l’établissement d’un « système de contrôle et de régulation de la dette de tous les gouvernements locaux, ainsi que des mécanismes à long terme pour prévenir et désamorcer les risques liés à la dette cachée ».