La-Tribune Economique (l’Égypte devient une destination incontournable) – «C’est l’un des plus beaux voyages de ma vie», s’enthousiasme Justine, 26 ans, de retour d’un séjour d’une semaine avec une amie à Hurghada, en Égypte. Depuis cette ville balnéaire du bord de la mer Rouge, au nord du pays, elles ont réalisé plusieurs excursions quotidiennes avec une agréable météo de 25 degrés. «Nous avons visité Louxor, exploré Le Caire, fait de la plongée et découvert Orange Bay, une île où l’eau est bleu turquoise», raconte l’infirmière originaire de Nancy. Au départ pourtant, les deux voyageuses ne pensaient pas à ce pays d’Afrique du Nord. «Nous voulions surtout du soleil, et j’ai trouvé de bonnes offres sur Leclerc Voyages. On a payé 1000 euros chacune, vols et hôtel inclus», ajoute la Lorraine.
Comme elle, depuis la reprise post-Covid, de nombreux touristes s’envolent vers la terre des Pharaons. Bien que le conflit entre le Hamas et Israël, situé à plusieurs centaines de kilomètres, ait d’abord entraîné une baisse des réservations, 2023 a battu des records touristiques, avec 15 millions de visiteurs selon le ministère du Tourisme égyptien. Et la tendance semble se poursuivre : le premier semestre 2024 a enregistré des chiffres encore plus élevés que l’année précédente.
Première destination de la région
Depuis qu’elle a développé ses offres de voyage en Égypte il y a deux ans et demi, l’agence ÔVoyage remarque un réel succès. «Les réservations augmentaient chaque année de 50 %, jusqu’au 7 octobre 2023», annonce Raouf Ben Slimane, président de ce tour-opérateur spécialiste des voyages en formule all-inclusive. Si la chute a été vertigineuse, entraînant une baisse de 90% durant les quelques mois qui ont suivi le début de la guerre, les touristes n’ont pas tardé à revenir. «On a observé une reprise dès mars 2024, puis une forte demande en septembre et octobre. L’Égypte est désormais notre première destination au Proche-Orient», ajoute-t-il.
Même constat pour le voyagiste Nomade Aventure, qui propose, entre autres, des itinéraires en train dans le pays ou des randonnées autour des pyramides de Gizeh. «C’est notre première destination dans cette région, qui est montée en flèche depuis 2021», souligne Léonie Deltombe, responsable des séjours du Monde Arabe et du Caucase. Preuve en est : parmi leurs clients, 500 ont choisi l’Égypte cette année, contre 300 pour la Jordanie. C’est le cas de Johan, impatient de tester le train de nuit reliant le Caire et Louxor à la fin du mois. «J’ai opté pour novembre pour éviter les fortes chaleurs d’août et septembre et profiter du pays en immersion totale», justifie ce Parisien de 28 ans.
«Les agences manquaient de guides francophones»
«Les températures douces toute l’année, c’est ce qui attire le plus», analyse Mustafa Zayed, guide francophone au Caire depuis 40 ans. Travaillant à la fois en freelance et pour des agences, il organise des visites de la capitale, mais aussi des expéditions vers Abou Simbel. «Des collègues m’ont demandé si je pouvais les aider pendant les vacances de la Toussaint, car ils cherchaient des guides francophones, mais je n’avais pas le temps», renchérit-il.
Bien qu’il ait subi des annulations à la suite du 7 octobre 2023, Mustafa observe cette année un retour impressionnant des touristes. «Pour l’instant, j’ai guidé six groupes d’environ 20 personnes, alors que l’année dernière, ils étaient 10 par groupe», précise-t-il. L’une des raisons ? D’après lui, les visiteurs sont moins inquiets par le conflit et s’adaptent, au même titre que les locaux. «Tout le monde vit normalement ici, on sait que le gouvernement est vigilant et a tout mis en place pour assurer la sécurité», conclut-il. Sur le site France Diplomatie, certaines zones seulement, comme le nord du Sinaï, sont formellement déconseillées.
Lors de la réservation de leur croisière de huit jours sur le Nil, fin septembre, Corinne et son compagnon ont choisi de rester prudents. «On est parti avec une agence de voyages, car cela nous rassurait davantage, contrairement à nos voyages habituels où on préfère tout organiser nous-mêmes. Finalement, c’est quand même assez sécurisé», confirme cette Lyonnaise de 30 ans, chargée de recrutement. Le couple, qui hésitait avec d’autres destinations en Europe, tranche finalement pour les paysages égyptiens, séduit par l’exotisme de la destination… et le prix attractif. Au total, ils déboursent chacun 1300 euros pour l’ensemble du séjour (cabine, vols et quelques activités préréservées).
«Une fois arrivés, nous avons été surpris par le coût de l’entrée de certains sites et les montants importants des pourboires. C’est compréhensible, car c’est la culture locale et nous nous sommes rendu compte du niveau de pauvreté. Il faut le savoir en amont afin de prévoir un budget en conséquent», prévient Corinne.
En moyenne, chaque visite improvisée leur a tout de même coûté une centaine d’euros. Malgré cela, le couple projette déjà de revenir, cette fois pour explorer Le Caire. L’ouverture prochaine du Grand Musée Égyptien, prévue pour 2025 avec certaines galeries déjà accessibles, devrait continuer d’attirer de nombreux Français, la première nationalité à visiter le pays pour des raisons culturelles. Ne reste plus qu’à vérifier la validité de son passeport.