Libye, première économie d’Afrique en termes de réserves de change, malgré une certaine instabilité

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La-Tribune Economique (première économie d’Afrique) – Malgré des tensions internes qui persistent, la Libye domine l’Afrique en matière de réserves de change avec 88,4 milliards $ en août 2023, grâce à ses revenus pétroliers. L’ex dirigeant Mouammar Kadhafi voulait en faire un instrument d’intégration financière africaine, il n’est pas certain cependant que ce projet renaisse un jour.

La Libye continue parfois d’être associée à une intervention militaire internationale qui l’a déstabilisée, plutôt que de la renforcer, comme le promettaient les gouvernements de Nicolas Sarkozy et de David Cameron, à l’initiative de l’opération. En revanche, peu de personnes savent que c’est actuellement la première économie d’Afrique en termes de réserves de change, avec une valeur globale estimée à 88,4 milliards $, selon des données publiées début août 2023 par le Conseil mondial de l’or.

En contraste, le Nigeria, qui est la première économie d’Afrique en termes de produit intérieur brut (PIB), n’est que quatrième au classement avec des réserves qui représentent un peu moins de la moitié de celles de la Libye (43,4 milliards $). Dans un contexte où l’accès des pays africains au marché international des capitaux est un défi, avoir des réserves en devises étrangères ou en or est essentiel pour les économies de la région dont la consommation est tournée vers les importations.

L’une des difficultés auxquelles font face les pays de la région, et qui les fait percevoir comme spéculatifs par les créanciers internationaux, est le niveau faible de leurs ressources en devises étrangères. Cet avantage permet à la Libye de maintenir une politique sociale interne qui résiste aux tensions politiques toujours récurrentes dans le pays. Selon le tableau des dépenses et des revenus publié par la banque centrale, le pays a généré 62,8 milliards de dinars libyens (13,1 milliards $) rien que sur le mois de juillet, dont 98% provenant du pétrole.

Or, dans le même temps, les dépenses du gouvernement, y compris celles en devises, ont été de seulement 47 milliards de dinars libyens (10 milliards $). La solidité des réserves de change de la Libye ne tient pas forcément à une gestion plus rigoureuse. Le pays continue de canaliser l’essentiel de ses revenus en devises sur les salaires des travailleurs publics et en reverse une part considérable pour les besoins sociaux.

Toujours au mois de juillet 2023, les ministères de sécurité ont reçu un total de 4,3 milliards de dinars, tandis que ceux de la santé et des affaires sociales cumulaient un total de 13 milliards. Certains indicateurs expliquent cependant pourquoi la Libye possède autant de réserves de change. Elle est restée une société conservatrice qui n’a pas encore complètement embrassé la consommation de masse. De plus, sa population, qui n’est que de 7 millions de personnes selon la Banque Mondiale, exerce une pression moindre que celle du Nigeria (200 millions), de l’Éthiopie (120 millions) ou encore de l’Égypte (environ 100 millions).

À son époque, Mouammar Kadhafi, fort de ses réserves de change, voulait en faire un des instruments pour la construction de l’intégration financière africaine. Il œuvrait ainsi à mettre en place plusieurs institutions régionales dans ce sens, y compris un Fonds Monétaire Africain dont l’un des objectifs déclarés était d’apporter aux pays africains une alternative en termes de devises pour le financement de leur développement. Un projet de statut avait été défini et adopté, mais depuis le projet n’a pas prospéré. Il n’est pas certain que les autorités libyennes issues d’une probable prochaine élection auront à cœur de poursuivre ce type d’agenda.

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