La-Tribune Economique (Rôle de l’immobilier) – Dans son “rapport sur les riches en France”, l’Observatoire des inégalités pointe l’agrandissement du fossé, ces vingt dernières années, entre le niveau de vie des personnes aisées et celui des classes populaires. La hausse du prix de l’immobilier dans l’Hexagone y joue un rôle important.
Le fossé des inégalités continue à se creuser entre les plus aisés et le reste de la population. C’est ce qu’explique le “rapport sur les riches en France” publié cette semaine par l’Observatoire des inégalités, organisme privé indépendant. “En 1996, l’écart entre le niveau de vie médian de la population et le niveau de vie moyen des 10% les plus riches était de 27.800 euros annuels. En 2017, il était de 36.300 euros”, appuie l’organisme. En clair, les “riches” s’enrichissent plus rapidement que le reste de la population.
Pour se donner un cadre de réflexion, l’Observatoire des inégalités a fixé – de manière arbitraire – l’accès au seuil du “club des privilégiés” à deux fois le revenu médian mensuel. Cela correspond à la somme de 3.470 euros par mois pour une personne seule (après impôts). En dépit de ce critère, il ne faut pas oublier qu’il existe de grandes disparités à l’intérieur même de ce qu’on pourrait appeler “la France aisée”.
Tournant des années 1980
Depuis les années 1980, les revenus des plus fortunés ont progressé fortement. “La part qui revient au 1% le plus aisé dans le revenu global est passée de 9,3% en France en 1983 […] à 11,7% à la veille de la crise de 2008”, souligne l’Observatoire des inégalités. Les années 1980 ont marqué un tournant alors que les Trente Glorieuses avaient été une période de réduction des inégalités. Seule la crise financière de 2008 a marqué un coup d’arrêt : les revenus des plus aisés ont en effet baissé de 6,7% entre 2011 et 2017.
Cette mauvaise période a pris fin avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Les réformes de ce président pro-business ont impacté positivement le haut du spectre des revenus avec notamment la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière (IFI) ou encore avec la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les revenus de placement. En pratique, alors que 358.000 foyers étaient assujettis à l’ISF en 2017, seuls 132.722 foyers ont payé l’IFI en 2018. Des milliers de foyers ne sont donc plus redevables de cet impôt… La base imposable de l’IFI ayant été recentrée sur les biens immobiliers.
Forte hausse du patrimoine
“Entre 1998 et 2010, le patrimoine brut moyen des 10% les plus fortunés est passé de 553.000 à 1,2 million d’euros, soit plus qu’un doublement de leur fortune”, montre l’Observatoire des inégalités qui met en avant, sans surprise, la hausse des prix de l’immobilier. Même si, depuis 2010, le patrimoine moyen des 10% les plus aisés a progressé bien moins vite (+36.000 euros) et atteint 1,28 million d’euros environ. Cette hausse – de 36.000 euros – reste toutefois énorme par rapport au reste de la population… Car comme le précise l’organisme, “30% de la population possède moins de 20.000 euros de patrimoine (chiffre Insee : 2018)”. De quoi donner une bonne idée de l’accroissement du fossé entre le haut et le bas de la pyramide.